Poète, chanteur, conteur, jouisseur, humoriste, humaniste… Petrek croise le faire jusqu'à samedi à la salle des fêtes de Saint-Jean-sur-Reyssouze. L’occasion, jeudi, de voir son spectacle "J’aurais voulu être un artiste ".
"Mettons du rouge à nos naseaux, buvons la vie comme des trous, sous chaque pas, dans chaque mot, tirons la langue par tous les bouts !" En quelques vers (verres) à reprendre jusqu’à plus soif, Petrek résume son art, sa vie, son oeuvre. La profession de foi boucle "J’aurais voulu être un artiste ", spectacle de deux heures et quelques pour faire un tour de la question : c’est quoi au juste un artiste ?
Clown, jouisseur
D’abord un type qui met du rouge à ses naseaux. Un clown. On rit beaucoup à voir l’auguste faire le pitre dans ses comptines surréalistes. Mimer la courgette en pâmoison ou escalader les sommets du rire. Chez ce jouisseur qui boit la vie comme un trou, poésie, bonne chère et gaudriole sont des mots qui vont très bien ensemble.
Bouffon, aiguillon
Pour celui qui aurait voulu être un artiste, le rouge du faux nez, celui du vin, est aussi la couleur de l’insolence. Le bouffon au sens noble du terme, dit "merde aux banquiers" tout en proclamant son amour à la banque du bon sens près de chez vous. Il est le Candide qui s’étonne des "nonsenses" de la bien-pensance, et l’aiguillon qui l’asticote. Pieds de nez et contrepieds, la langue tirée par tous les bouts.
L’art de rien
L’artiste selon Petrek est peut-être celui qui met autant de lui-même sous chaque pas, dans chaque mot. On a beau l’avoir vu cinquante fois. On reste à chaque fois bluffé par la justesse de ses textes et l’humanité qui s’en dégage. Qu’il les chante, les conte, les slame ou les danse (mais oui), qu’il interprète ceux des autres (spéciale dédicace à Bobby Lapointe, peut-être son plus proche cousin), il possède cet art rare du presque rien. Ou comment ciseler une impression, une émotion, en un trait de plume.
Pianiste monte-en-l’air et clown blanc
Laurent Darmont apporte l’écrin de ses musiques. Dans des ambiances de cabaret jazzies ou dans l’intimité d’une chambre d’amis, il est ce pianiste monte-en-l’air, virtuose aussi discret que l’ombre dans laquelle il agit. Lorsqu’il en sort, il devient clown blanc, complice fidèle et ressort indissociable du Zébulon à nez rouge. Allez, vive les clowns et salut l'artiste !
MARC DAZY